beauté.

Voici des jours que ce mot parcourt mon corps. J’ai d’abord écrit . Mais ça ne me suffit pas, il me parcourt encore et encore, il reste là, je le sens occuper l’espace. Qu’est-ce que la beauté? Qu’est-ce qui l’est pour moi? A quel point est-ce différent pour les autres? Comment nos systèmes se sont appropriés la beauté? Et en réalité, vouloir définir la beauté ne serait-ce pas déjà une erreur car cela revient à vouloir rendre pragmatique un sentiment, une émotion?

| est-ce que je viens de passer ces derniers jours à écouter des conférences en italien sur la beauté, à lire des pdf d’inconnu-es sur le sujet ou à en parler avec ma best grâce aux mémos vocaux sans fin de Whatsapp. Oui |

Commençons par le mot en lui-même.

Beauté. belté _ bealté _ bellitas _ bellus _ bonus.

Bellezza. bello _ buono _ bonus _ duonus _ divonus.

L’étymologie de beauté prend racine dans bon, voire dans splendeur qui à une certaine époque n’était autre que « dieu », plus largement le divin. L’autrice Silvana De Mari a écrit « la capacità di capire e di apprezzare la bellezza è data dalla nostra origine divina » : notre capacité à comprendre et apprécier la beauté est due à notre origine divine. En Grèce antique, l’expression Kalos kagathos _ kalos kai agathos, qui signifie littéralement beau et bon, se référait à l’harmonie âme et corps : idéal divin.

Puis il y a les philosophes dont certains diront : est beau ce qui existe, est beau ce qui plaît. Et je dois l’avouer cette philosophie là me plaît, je la trouve alors belle, emplie de beauté. L’idée selon laquelle ce principe est indéfinissable puisque comporte autant de possibles que d’êtres pouvant s’émouvoir sur terre. C’est beau. Cela implique une forme de liberté et donc d’amour, puisque nous serions alors toustes libres de voir la beauté en fonction de nous-mêmes sans aucune influence ou soumission. Suis-je en train de faire référence à nos systèmes patriarco-capitalo-blanc-centrés ? Absolument.

Regardez, moi. Moi j’ai toujours aimé la beauté. Je dirais même que j’ai toujours porté de l’importance à la beauté, déjà toute petite si vous m’offriez un objet qui esthétiquement ne me convenait pas, je n’allais même pas le cala. Evidemment mon sens de la beauté et de l’esthétique me sont propres. Pourtant j’ai longtemps tu cette partie de ma personnalité, cette nécessité. Pourquoi ? Parce que la beauté définit par notre société n’était pas la mienne. Pas la mienne dans mon attraction & mon goût à une certaine esthétique, et pas la mienne parce que moi en tant que corps et personne je n’étais pas associée à celle-ci. Tu vois où se situe le hic ? Ne me sentant pas définit par un collectif comme associable au beau, je n’osais pas affirmer mon goût de celui-ci. J’avais ingéré l’idée selon laquelle comme je n’étais pas belle, je ne pouvais pas prétendre à la beauté pour moi et autour de moi. Et même si je sais être unique, je suis sûre que je n’ai pas été la seule à vivre l’oppression de l’appropriation du concept de beauté si lisse, valide et raciste de notre doux système.

J’aime la beauté. J’ai une passion infinie pour l’observation, observer les autres et les trouver beaux-lles ; en cela je comprends le sens de divin ou de divinité, vous savez les personnes dont la beauté vous explose aux visages ce sont comme des lumières & cette lumière n’est pas que matière. On aime bien parler de « charme » mais en réalité c’est une forme de beauté à travers laquelle tu perçois l’esprit de la personne.

J’aime la beauté. Ou est-ce lorsque j’aime que je vois le beau ? Si c’était les deux. Ce qui est sûr c’est que mes amies sont des queen, elles sont belles et j’aime leur dire.

J’aime la beauté. Ce qui est beau est un lieu confortable, où je me sens en sécurité. Certainement parce que je suis une personne qui vit la nécessité d’harmonie. Cela n’implique pas le matériel, cela implique l’accord entre toi, l’esthétique qui t’entoure et ta façon de la vivre. Je peux très bien me retrouver dans un lieu qui ne me ressemble pas, où d’autres ne serait pas à l’aise, mais où il y a un accord, une harmonie, une sorte de sincérité, de vérité & bien à mes yeux c’est de la beauté, ça me rassure, j’y vois le bon et je peux devenir une vrai squatteuse.

J’aime la beauté. Et je crois que c’est pour ça que j’aime le sexe. Existe-t-il beauté plus grande que deux personnes qui dans une émotion unique se donnent l’un-e à l’autre ? Y-a-t-il du divin en cela, d’ailleurs SEX : Sacred Energy Exchange. Créer une intimité charnelle avec une autre personne c’est beau, que cela soit pour plusieurs fois ou une seule.

J’aime la beauté. J’aime ça au point que je vois le beau même dans ce qui ne pourrait pas l’être. Ma Lune en sagittaire ou ma Jupiter en poisson doivent jouer dans le game mais c’est un fait j’entraperçois toujours la beauté. La lumière n’existant pas son l’ombre. J’ai vu la beauté dans ma dépression alors que j’étais malheureuse, dépourvue et en colère comme jamais, je vivais des émotions si puissantes et je m’autorisais à être; c’était beau. J’ai toujours vu la beauté dans les adieux, à ceulles qui sont de passages dans ma vie ou à ceulles qui sont définitivement parti-es. Bien sûr ça fait mal, ça heurte mais c’est beau, ça existe.

J’aime la beauté. J’aime ça parce que je le suis. Je suis un corps, une enveloppe marquée et marquante. Je suis belle parce que j’essaye d’être fidèle à moi-même, parce que mon sourire et mes yeux ne savent pas mentir. Je suis belle parce que j’ai de la gratitude de pouvoir être. Ma beauté est mienne et ne doit pas par force vous plaire, elle est mienne. Je suis ma propre déesse, divine, confiante, dérangeante.

J’aime la beauté parce que pour moi c’est vivre. La voir, la reconnaître de façon aussi subjective soit-elle c’est entendre, ressentir, m’émouvoir, vibrer, danser | Oh danser c’est si beau de danser | et puis c’est pleurer, rire, crier, m’indigner, jouir.

voir la beauté c’est avoir l’espoir.

Avec amour. *et beauté*. 0phélie.

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